Prise la main dans le sac ✿ Stanley

V

iolet avait attendu que la nuit tombe et que le quartier d'affaires commence à se vider avant de s'aventurer dans le centre-ville, avec ses précieux sac à dos et sac en bandoulière, remplis de son équipement de street-artist. Les bombes de peinture, bien entendu, ainsi que son masque et ses lunettes de protection qu'elle enfile dès qu'elle arrive sur place. Seul le haut de son visage restait dégagé, ses grands yeux verts d'autant plus marquants. Elle attache ses cheveux en une queue de cheval haute, enfile ses gants et met en place son escabot-échelle portatif qu'elle transportait à chaque fois qu'elle présentait des œuvres en hauteur, ou du moins tellement ambitieuses qu'elle devait s'étendre sur un mur entier.

Si parfois, elle taguait ou peignait juste pour le plaisir, il arrivait à la délinquante de le faire pour une raison plus profonde et poussée, quasi révolutionnaire. Ce soir, c'était simplement pour l'écologie, le maire avait décidé de raser un des parcs préféré de Violet, et en échange, elle allait couvrir le quartier ou se situait la mairie de ses œuvres. Elle n'avait pas pu s'approcher de la mairie elle-même, car il y avait plein de caméras, mais à sa connaissance, ce bâtiment-ci n'en avait pas. Et alors, ce n'est pas comme si elle commettait un crime (selon elle), l'art n'était pas un crime ! L'art était magnifique, et aux dernières nouvelles la liberté d'expression existait encore ? Violet avait tellement à exprimé, qu'il n'y avait pas assez de surfaces dans toute la ville, mais elle ferait avec. Elle avait prévu le coup, plus ou moins, bien choisi son heure et réfléchi à l'avance à ce qu'elle voulait faire. Et puis, si la police essayait encore de l'interpeller, elle courrait, elle était devenue plutôt très bonne à ça, courir vite et semer les autorités.

Avec un grand sourire sous son masque, elle commence son graffiti, avec enthousiasme, énergie et une grande concentration. Elle utilise des couleurs très vives, en totale opposition avec le gris terne des bâtiments du coin. Un peu de diversité, bon sang ! Elle aime les couleurs, elle aime les fleurs, et ça se voit. Elle peint des hommes, des femmes et des enfants, grandeurs natures, à moitié fleurs ou plantes, en symbiose avec la nature. Elle utilise son échelle pour grimper et faire le fond, un arbre gigantesque qui allait plus haut que les fenêtres du deuxième étage, un cerisier en fleurs. Elle avait prévu le paquet de bombes roses et violettes.

L'artiste travaille plusieurs heures, plus longtemps qu'elle ne l'avait prévu, le décor ressemblant beaucoup à celui du parc qu'elle défendait. Par chance, personne ne passe pendant la nuit... mais elle est loin d'avoir fini, que l'aube se lève, et trop plongée dans son art, elle ne s'en rend pas compte. C'est alors qu'elle entend quelqu'un qui lui crie d'arrêter et, de surprise, Violet perd l'équilibre et se rattrape de justesse.

« Oups ! Ca va, ça va, je vais bien ! Pas la peine d'appeler de l'aide ! Ou, genre, la police ! » Elle ne peut retenir le rire, dans sa voix, un peu nerveux et un peu enthousiaste, ce n'était pas de sa faute elle était en pleine inspiration frénétique !

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H

eureusement que Violet était préparée pour ce genre de mauvaises surprises. Elle avait déjà fait quelques petits voyages au poste, et si ça avait été sous sa nouvelle identité… ils auraient appelés sa mère et elle aurait risqué de perdre tout ce pourquoi elle s’était tant battue. Alors Violet avait des faux papiers, dans le cas ou la fuite n’était pas une option. Avec un peu de chance, elle arriverait à s’en sortir sans devoir user d’un de ces deux atouts, échanger avec quelques sourires avait ses vertus.

« En partie ? Comment ça en partie ? Vous n’avez que la moitié d’un badge c’est ça ? » plaisante-t-elle en descendant de quelques marches après avoir rangé sa bombe de peinture. La jeune fille s’accroche souplement, presque en équilibre, pour regarder correctement le possible policier. Il semble très grand et surtout très baraqué, mais n’a pas l’air d’avoir un uniforme. « Je vous retourne la question monsieur, c’est pas une heure pour se balader tout seul et alpaguer une pauvre fille comme moi. Je m’appelle Ray, et je ne fais rien d’illégal, vraiment. » Elle lui lance un sourire ultra bright. Et ce n’est même pas une ruse, d’utiliser son apparence pour obtenir ce qu’elle veut ou attendrir les cœur, loin de là. Violet n’a toujours pas conscience de ses atouts, et de toute manière ça ne lui viendrait pas à l’idée de les détourner malhonnêtement.

En tout cas monsieur armoire à glace à beau être bien plus balèze, elle est à peu près sûre qu’elle pourra le semer, si elle tire bien son épingle du jeu. Ça ne serait pas la première fois. « Ah moins que l’art soit devenu illégal depuis la dernière fois que j’ai regardé la télé. » Quand elle est prise la main dans le sac, ou dans une situation inconfortable… Violet parle. Parle et parle et parle… C’est la nervosité qui délie un peu plus sa langue et la fait perdre le contrôle sur cet organe trop peu développé dans son enfance. C’est qu’elle n’avait pas eu d’amis, sauf le voisin d’en face, à travers la fenêtre. Et ses amis imaginaires, ainsi que ses poupées barbies… Bizarrement, on la regardait toujours de travers quand elle parlait d’elles.

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